Des corps mêlés : le cinéma burlesque ou le façonnement d'un monde sans modèle - Normandie Université Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Eclosion Année : 2024

Des corps mêlés : le cinéma burlesque ou le façonnement d'un monde sans modèle

Résumé

The slapstick character is endowed with a mysterious power of attraction, unwittingly drawing the surrounding materials (snow, water, flowers, wind) into the center of the frame. First slapsitck operation: the different elements of the image collide and build up parallel (plastic) dramas. Moreover, it is through direct contact with things (machines, objects, furniture), through hand-to-hand encounters with them, that the character’s vitality is expressed, his presence embodied and his existential aspirations shaped. Second operation: the inner realm is extirpated, transferred to a moving set of plastic compositions. In both cases, the image is made up of coalescences, intertwined bodies, amalgams that blur boundaries and shatter fixed, pre-established, discreet and autonomous identities. Variegated bodies, new species that are half-man, half-furniture, object or animal, sometimes even appear for the duration of a shot: they are figures born (and immediately disappearing) from the work of materials mixed without principle or hierarchy. This, then, is what burlesque is all about: the kneading that refuses to stop, the uninterrupted effort to build an egalitarian, model-free world.
Le personnage burlesque est doté d’un mystérieux pouvoir d’attraction et conduit jusqu’à lui sans le vouloir, au centre du cadre, les matières environnantes (neige, eau, fleurs, vent). Première opération burlesque : les différents éléments de l’image se carambolent et édifient des drames (plastiques) parallèles. C’est par ailleurs au contact direct avec les choses (machines, objets, meubles), à travers des corps-à-corps avec elles, que s’énonce la vitalité du personnage, que s’incarne sa présence, que se modèlent ses aspirations existentielles. Deuxième opération : le royaume intérieur est extirpé, transféré à un ensemble mouvant de compositions plastiques. Dans les deux cas, l’image est faite de coalescences, de corps mêlés, d’une bouillasse, d’amalgames qui brouillent les frontières et battent en brèche les identités fixes, préétablies, discrètes : autonomes. Des corps bigarrés, espèces nouvelles mi-homme mi- meuble, objet ou animal, vont parfois jusqu’à apparaître le temps d’un plan : figures nées (et aussitôt disparues) du travail des matières mélangées sans principe ni hiérarchie. Le burlesque, ce serait donc cela : un pétrissage qui refuse de s’arrêter, l’effort ininterrompu de bâtir dans du sable mouillé un monde égalitaire et sans modèle.
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Dates et versions

hal-04488613 , version 1 (06-03-2024)

Licence

Paternité - Pas d'utilisation commerciale - Pas de modification

Identifiants

  • HAL Id : hal-04488613 , version 1

Citer

Mathilde Grasset. Des corps mêlés : le cinéma burlesque ou le façonnement d'un monde sans modèle. Eclosion, 2024, 1, pp.9. ⟨hal-04488613⟩
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