La première partie du livre de Frédéric Pouillaude, "Représentations factuelles", a clarifié bien de fausses questions : la critique du concept de représentation mentale ou de représentation phénoménale ne rend pas la notion de représentation obsolète pour caractériser des images à prétention réaliste ou documentaire . En ce sens, il n'est pas certain que la philosophie de l’art ait quelque chose de décisif à apporter sur la question du réalisme, dans le cadre et dans les termes mêmes des “nouveaux réalismes”. Par contre, il y a bien un terme qui désigne à la fois un certain type d’image ou d’expérience, tout en devenant un concept plus global, et qui pourrait prétendre être l’"après" de la représentation : ce terme est celui d’immersion. Ici, avec d’autres disciplines, l’esthétique et la philosophie de l’art auraient une contribution propre à apporter à la question telle qu’elle est posée par les nouveaux réalismes. Si, pour reprendre une expression de Jocelyn Benoist, le vrai réalisme consiste à comprendre que nous avons toujours été « dehors » et jamais « à l’intérieur » de quelque cadre représentationnel que ce soit, on peut avoir des doutes sur le réalisme professé par des courants très vigoureux en esthétique – je pense en particulier à l’esthétique environnementale – qui s’appuient sur le concept d’immersion. Il n’en demeure pas moins que l’immersion produit un « effet de réel » – ce qui ne signifie pas que son concept soit opératoire métaphysiquement pour comprendre la manière dont nous sommes au réel – et identifier la particularité de cet effet de réel est partie prenante d’une description correcte de ce qu’est l’immersion.