Handicap, normalité, scolarisation : le sens de l’éducation spécialisée ? - Normandie Université Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2013

Handicap, normalité, scolarisation : le sens de l’éducation spécialisée ?

Résumé

Les contributions de Laurence Thouroude, Jean-Yves Bodergat et Jean Houssaye ont comme point commun de porter directement sur la pédagogie et d'obéir à des logiques bipolaires : élève normal os élève handicapé, exclusion vs intégration, élève ordinaire vs élève en difficulté, cours magistral us non-directivité, pédagogie nouvelle os pédagogie traditionnelle, etc. Entre les chapitres qui composent cette deuxième partie, les concepts circulent et les problématiques se recoupent, avec cette particularité que si les controverses analysées se déploient bien à l'intérieur d'une structure bipolaire, cette opposition ne va pas sans dissymétrie, les discussions se développant plutôt sur l'un des pôles tout en prenant appui sur l'autre, qui n'est pas, de fait, problématisé.

Qu'on ait désigné les individus concernés comme arriérés, débiles, déficients ou handicapés, ces dénominations trouvent leur justification dans leur opposition à une normalité supposée. Ce qui est très remarquable dans les controverses que ce couple a pu engendrer, c'est que le pôle de la normalité n'est jamais véritablement défini, sinon a minima sous forme de moyenne statistique, ou en référence à des modèles ou patterns sociaux reconnus et acceptés, à partir desquels l'intégration est envisagée et mesurée. L'exclusion est alors pensée en termes de distance ou de déviance. Ce qui n'est pas (plus) interrogé malgré les travaux décisifs de Georges Canguilhem c'est que la notion de normalité est tout aussi arbitraire que celle de déviance, et que l'une et l'autre participent des mêmes constructions sociales. Le travail de Laurence Thouroude porte sur celui de ces deux pôles, celui de handicap, qui, sans cesse remis en chantier, nourrit de façon active les controverses, et consiste à analyser les transformations de ces oppositions, en particulier dans leurs conséquences dans le système éducatif, pour souligner leur permanence, même quand, comme aujourd'hui, la question semble résolue.

En effet quand on fait la genèse de la controverse, avec la création des classes de perfectionnement, en 1907 et le recours à l'échelle métrique de l'intelligence de Binet pour repérer les élèves intellectuellement en retard, la réussite comme les conditions de l'adaptation à l'école de l'élève ordinaire, ne sont pas directement interrogées ; en revanche, tous les efforts institutionnels vont porter sur la description et les définitions de la déficience et les conséquences rationnelles que l'on peut en induire sur le plan pédagogique. Laurence Thouroude analyse ainsi le contenu et la portée des lois de 1909, 1975 et de 2005 avec un balancement entre deux choix : soit créer pour les enfants handicapés des structures spécialisées et des formes de pédagogie adaptées à leurs besoins et leurs capacités, soit réduire cet écart, jugé moralement et socialement stigmatisant, pour rapprocher leur situation de celle des enfants normaux. La loi de 2005, en faisant le choix de l'inclusion des enfants handicapés dans les classes ordinaires, semble apporter à tous ces problèmes une solution qui pourrait en être seulement la dénégation.

Domaines

Education
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04525355 , version 1 (28-03-2024)

Identifiants

  • HAL Id : hal-04525355 , version 1

Citer

Laurence Thouroude. Handicap, normalité, scolarisation : le sens de l’éducation spécialisée ?. Alain Vergnioux. Grandes controverses en éducation, 157, Peter Lang, pp.119-141, 2013, (Exploration. Éducation, histoire et pensée), 978-3-0343-1259-2. ⟨hal-04525355⟩
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