The departure of the 'Normans' to Southern Italy: from migration to conquest according to Italo-Norman historiography
Le départ des « Normands » vers l’Italie du Sud : de la migration à la conquête d’après l’historiographie italo-normande
Résumé
The three major narratives written in southern Italy that bear witness to the conquest of southern Italy by the "Normans" and in particular by the Hautevilles - the works of Amatus of Monte Cassino, William of Puglia and Geoffrey Malaterra - provide both concordant and complementary information on the circumstances of the departure of the first migrants to southern Italy in the 11th century. The reasons for the departure are almost exclusively dealt with at the beginning of the narrative: the Norman knights are called by the local populations and motivated by the lure of Italian wealth, but they are also pushed to leave the duchy either because they are condemned to exile by the duke, or because the smallness of their father's land is not enough to satisfy all the heirs. The information that can thus be gathered on the dynamics of this 'push and pull' is presented as that of the general history of the Normans, even if it is soon illustrated, at the beginning of these works, by the account of the adventures of a few families, especially the Drengots and the Hautevilles. Moreover, while Orderic Vital follows the fate of certain Normans who leave and return, Amatus, William and Geoffrey only rarely take up these motifs in the rest of their narrative, despite the arrival of new immigrants, including women and clerics, to the point that the patria - Norman or Frankish - is very quickly forgotten. We shall briefly return to these motives, which have already been well studied and highlighted by several specialists in the history of the "Normans" in Italy, in order to show both the importance that the evocation of the homeland plays at the beginning of the work (by underlining, for example, the concern of the Hautevilles to preserve their paternal heritage), and the lack of concern that it arouses in the following years. We shall see how the story of the departure of some Normans is integrated into the story of a Norman migration or diaspora, and how it is transformed, but only gradually and at different rates, into the story of the conquest.
Les trois récits majeurs composés en Italie du Sud témoignant de la conquête de l’Italie du Sud par les « Normands » et en particulier par les Hauteville – œuvres d’Aimé du Mont-Cassin, Guillaume de Pouille et Geoffroi Malaterra – donnent des informations à la fois concordantes et complémentaires sur les circonstances du départ des premiers migrants vers l’Italie du Sud au XIe siècle. Les motifs du départ sont presque exclusivement traités au début du récit : les chevaliers normands sont appelés par les populations locales et motivés par l’appât des richesses italiennes, mais ils sont aussi poussés à quitter le duché soit parce qu’ils sont condamnés à l’exil par le duc, soit parce que l’exiguïté de la terre paternelle ne peut suffire à satisfaire tous les héritiers. Les informations qu’on peut ainsi recueillir sur les dynamiques de ce « push and pull » sont présentées comme celles de l’histoire générale des Normands, même si elles sont bientôt illustrées, au début de ces œuvres, par le récit des aventures de quelques familles, surtout les Drengot et les Hauteville. En outre, tandis qu’Orderic Vital suit le destin de certains Normands qui partent et qui reviennent, Aimé, Guillaume et Geoffroi ne reprennent que très peu ces motifs dans la suite de leur récit, malgré l’arrivée des nouveaux immigrés, y compris des femmes et des clercs, au point que la patria – normande ou franque – est très vite oubliée. On reviendra brièvement sur ces motifs qui ont déjà été bien étudiés et mis en évidence par plusieurs spécialistes de l’histoire des « Normands » en Italie, pour montrer à la fois l’importance que joue l’évocation de la terre patrie au début de l’œuvre (en soulignant par exemple la préoccupation des Hauteville de préserver l’héritage paternel), et le peu de souci qu’elle suscite dans la suite. On verra comment le récit du départ de quelques Normands est intégré dans l’histoire d’une migration ou d’une diaspora normande, et comment elle se transforme, mais seulement progressivement et selon des rythmes différents, en l’histoire de la conquête.