Contexte : Les affections respiratoires sont la deuxième cause de contre-performance chez le cheval de course et la source de pertes économiques importantes pour la filière équine (1). Lorsqu’une infection est suspectée, le vétérinaire peut pratiquer un lavage trachéal (LT) et/ou un lavage broncho-alvéolaire (LBA) afin d’identifier les micro-organismes présents en laboratoire. Parmi ceux-ci, des bactéries du genre Mycoplasma, couramment appelées mycoplasmes, sont sporadiquement détectées depuis leur première mise en évidence en 1975 (2). Il s’agit de bactéries peu recherchées et méconnues en raison de leur culture fastidieuse (3). Cependant, trois espèces ont été identifiées dans le tractus respiratoire de chevaux : Mycoplasma (M.) equirhinis, M. felis et M. pulmonis. Entre 2016 et 2019, des mycoplasmes ont été détectés par PCR en temps réel (rt-PCR) dans 15% des prélèvements respiratoires équins analysés à LABÉO. Malgré cette prévalence importante, l’implication des mycoplasmes dans les infections respiratoires chez le cheval reste à déterminer (4–6).Objectifs : Cette étude vise à i) optimiser des outils pour détecter, isoler et identifier les espèces de mycoplasmes à partir d’échantillons respiratoires équins, ii) définir les facteurs de risque susceptibles d’être associés à la présence de mycoplasmes et iii) établir le rôle clinique de ces bactéries.Matériel et méthodes : Des échantillons négatifs dopés avec des souches dénombrées de M. equirhinis, M. felis et M. pulmonis et/ou une gamme de dilution d'ADN ont été utilisés pour caractériser les méthodes de culture et de rt-PCR. La prévalence des espèces de mycoplasmes a été déterminée sur les échantillons de 1764 chevaux prélevés en France entre 2020 et 2022 et reçus pour analyse à LABÉO. Les facteurs de risque et le rôle de l’espèce majoritaire ont été déterminés après analyse du contexte clinique des prélèvements, l’établissement d’un score clinique et des résultats du diagnostic différentiel.Résultats : Les méthodes (culture et rt-PCR) optimisées détectent les trois espèces cibles de façon équivalente en termes de spécificité et sensibilité. Dans la population étudiée, 313 (17,7%) chevaux sont positifs aux mycoplasmes. Les mycoplasmes sont davantage détectés dans les LT (18,6%) que dans les LBA (9,3%). L’espèce M. equirhinis est identifiée dans 96% des cas positifs. Les trotteurs et les pur-sang sont plus régulièrement infectés, de même que les chevaux vivant en box. La prévalence de M. equirhinis est stable quel que soit le score clinique, contrairement à ce qui est observé pour des pathogènes majeurs (Rhodococcus equi) ou opportunistes [Streptococcus equi subsp. zooepidemicus (S. zoo)]. La détection de M. equirhinis est environ 5 fois plus fréquente dans les échantillons où S. zoo a été identifié, et en cas de co-détection des deux espèces, la charge de S. zoo dans les prélèvements est significativement plus importante.Conclusions : La prévalence des mycoplasmes dans les échantillons respiratoires est confirmée et non négligeable. M. equirhinis est l'espèce prédominante. Sa prévalence varie selon le type d'échantillon, la race et le lieu de vie du cheval. M. equirhinis n’est pas un pathogène primaire, il semble jouer un rôle d’opportuniste notamment lorsqu’il est associé à S. zoo.