En 1918 à Paris, ses amis enterrent Guillaume Apollinaire. En 1968, l’ancienne ORTF veut souligner l’événement et demande à Jean-José Marchand, chef du service cinéma, de concevoir une émission. Jean-José Marchand capte les témoignages d’André Salmon, André Billy et Roland Dorgelès, presque nonagénaires ; André Salmon meurt quelques semaines après la mise en ondes de l’émission. Ce fait divers de l’histoire de l’art provoque chez Jean-José Marchand une prise de conscience : tous les acteurs de l’art, de la littérature, de la danse et de la musique du XXe siècle, encore vivants – plusieurs d’entre eux négligés ou oubliés à la fin des années 60 – vont bientôt mourir. Si aucune procédure d’urgence n’est imaginée pour capter leur témoignage, le préjudice intellectuel sera irréparable. Aujourd’hui, ce sont plus de plus de 150 entretiens qui forment les Archives du XXe siècle, une collection réunissant les noms de Georgette Camille, Marc Chagall, Alfred Courmes, Serge Charchoune, Giorgio de Chirico, André Fougeron, Richard Huelsenbeck, Irène Lagut, Marianne Lam, Mme Marinetti, Édouard Pignon, Georges Ribemont-Dessaignes, Hans Richter, Christian Schad, Boris Taslitsky... Mais tenir la chronique de la production des Archives du XXe siècle n’aurait qu’un intérêt documentaire si on ne se rappelait que Jean-José Marchand a été considéré durant ces années comme un maître de l’interview. Son approche originale a constitué un modèle pour d’autres réalisateurs : caméra frontale, voix off de l’intervieweur toujours absent de l’image, refus de l’anecdote, refus de la mise en scène, questionnaire biographique soigneusement préparé, primat accordé au visage et à la voix.