Pour rappel, notre recherche interventionnelle avait pour vocation première d’éclairer sous un jour nouveau les nombreuses contradictions des enquêtes s’intéressant aux liens -complexes -entre la consommation d’alcool et la pratique sportive, en comparant rugby et escalade. Fort d’une importante enquête empirique (plus de 1600 questionnaires, 49 entretiens, et de nombreuses séquences d’observations), nous avons pu mettre en évidence une consommation d’alcool plus conséquente en termes d’ivresses chez les sportifs par rapport à la population générale, et chez les rugbymen, en comparaison des grimpeurs, à la fois en termes de quantité, d’ivresse et de risques. Ces différences ne prennent sens que dans des contextes particuliers favorisant, ou pas, la consommation (avec des espaces dédiés, en revendiquant l’importance de ces festivités dans les dynamiques de cohésion, etc.). Ces contextes intègrent des éléments que nous pourrions qualifier de cultures sportives –au sens large -, ayant des conséquences sur les sociabilités, mais aussi les éléments matériels (comme des espaces de consommations). L’appréciation des conséquences et des risques de l’alcoolisation se traduit entre grimpeurs et rugbymen par un rapport au corps propre, caractérisé par la valorisation d’une hygiène de vie globale et ascétique pour les premiers, et prônant davantage une limitation ponctuelle de l’alcoolisation pour les seconds. Afin de ne pas sur déterminer le poids de ces pratiques sportives dans les consommations d’alcool, il est également nécessaire de prendre en compte les trajectoires, mais aussi l’âge, qui sont deux éléments déterminant de cette consommation, largement mis en évidence dans la littérature. Dans un second temps, ces résultats ont été discutés avec les professionnels de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA), afin de mettre en œuvre une démarche de prévention adaptée à ce cadre. Une expérimentation a ainsi été mise en place dans une salle de bloc (escalade).