C’est un peu une gageure d’intervenir sur le Brexit le 22 octobre, mais il m’avait semblé que, lors de la crise politique la plus profonde que connaît le Royaume-Uni au moins depuis la deuxième guerre mondiale (certains historiens disent depuis 1660), il était inconcevable qu’il n’y ait pas un endroit à l’université pour regarder ces évènements, la tête froide. Mon objectif n’est évidemment pas de vous convaincre de mon point de vue sur cette crise, ni de prédire ce qui va se passer dans le mois à venir. Plutôt d’ouvrir des questions qui permettent de mieux comprendre. Ce n’est pas facile : même sur des questions qui pourraient, on pourrait penser, être réglées par la recherche – par exemple les motivations principales qui ont fait en sorte que 17,4 millions d’électeurs aient rejeté le maintien du pays au sein de l’Union européenne sont sujettes à débat. Par ailleurs, et c’est un constat malheureux, il ne me semble pas que, parmi les supporters des deux équipes, la connaissance au sujet l’Union européenne ait beaucoup avancé depuis 4 ans. Est-ce que les citoyens britanniques connaissent mieux aujourd’hui le fonctionnement du parlement européen, de la commission européenne ou de la présidence européenne ? Est-ce qu’ils comprennent les récentes décisions sur le budget militaire, la proposition d’une armée européenne et ses chances de se réaliser ou pas ? J’ai l’impression que ce n’est pas le cas. Que nous soyons prévenu, c’est très très loin d’être fini. Le titre de mon intervention « Brexit : saison deux », même si humoristique, visait à souligner ce fait. L’accord négocié par Thérésa May et repris à 95% par Boris Johnson laisse de côté des dizaines de sujets à discuter plus tard. Si cet accord est approuvé, ou s’il y a sortie sans accord, il restera un nombre immense de sujets à négocier. Ensuite nous verrons de très nombreuses négociations pays par pays. Depuis quarante ans d’innombrables structures, législations et pratiques ont été imbriqués, sans que personne n’imagine qu’il y ait besoin un jour de les démêler. …