Dans les banquets grecs au moment du symposion entrent en scène les différents divertissements voués à réjouir les convives : le vin, les jeux, les spectacles de toute sorte (de récitation poétique, de musique, de danse, de mime, de bouffonnerie), les femmes (soient-elles des joueuses d'aulos ou des courtisanes) et le rire partagé. Et par les spectacles, par les jeux ou par la présence des femmes, c'est évidemment aussi eros qui s'invite dans le symposion grec. En tant que lieu privilégié du partage et de l'expérience des joies du corps, le banquet grec, et au sein du banquet le symposion en particulier, offre souvent l'occasion aux auteurs antiques, qui le mettent en scène dans leurs textes, de présenter leur propre conception de ces mêmes plaisirs, fût-elle une conception qui détourne, voire élimine, ces plaisirs. Partant de ce constat, nous allons voir comment Athénée de Naucratis présente et combine ces divertissements et ces plaisirs conviviaux dans le récit de son banquet de savants, les Deipnosophistes. En nous intéressant en particulier aux figures des bouffons et des femmes et à la manière dont les deipnosophistes en parlent au cours du banquet, nous verrons qu'Athénée laisse entrevoir sa conception sur le rapport privilégié entre érudition et plaisir, ou mieux entre les dires et les rires des convives et des personnages que les discours des convives mettent en scène.