Nous avons conservé deux chartes autographes de Dudon de Saint-Quentin en faveur de Saint-Ouen de Rouen (1011) et du chapitre de Saint-Quentin (1015). Les préambules de ces actes trahissent la signature littéraire de l’auteur, par l’emploi de mots ou d’expressions utilisées dans le De Moribus… et l’emprunt possible à un traité de rhétorique. Dudon réemploie également de manière habile des formules diplomatiques bien attestées à l’époque carolingienne, qui placent deux des patrons de son œuvre le duc Richard II et l’oncle de ce dernier, Raoul d’Ivry, au sommet de la hiérarchie civile des pouvoirs. L’étude de ces deux actes porte ainsi à se pencher sur leurs relations avec le projet littéraire de l’auteur. Au-delà, elle conduit à s’interroger sur l’élaboration des premiers actes écrits émis dans le duché de Normandie, que l’on suivra ici à partir de l’exemple des formules de légitimation employées dans les actes de Richard Ier et de Richard II. On en retiendra une grande labilité des expressions employées, qu’aucun formulaire ne semble pouvoir fixer. Si l’influence royale est perceptible, elle n’est pas une simple imitation des diplômes capétiens et renvoie aussi à des modèles plus anciens et plus éloignés, y compris, semble-t-il, venus du royaume de Germanie.