À quelques km à l’ouest de la ville de Domfront (Orne), aux confins des communes de Saint-Gilles des Marais et de La Haute-Chapelle, se trouvent, sous la forme de mares réparties sur quelques ha, les traces de carrières d’argile pluriséculaires. Ces carrières ont alimenté, pendant six siècles, de nombreux ateliers producteurs de grès, implantés dans une douzaine de paroisses, dans un rayon d’une quinzaine de km autour de Domfront. À partir du bas Moyen Âge, elles ont aussi livré aux tuileries locales les terres qui contribueront à imposer la tuile comme matériau de couverture dominant, dès le début du XVIIe siècle, dans les campagnes de la vicomté de Domfront. Cette étude vise à caractériser, à partir de documents iconographiques inédits (cartes postales et photographie), le mode d’extraction des argiles encore en vigueur dans ces carrières à la fin du XIXe siècle. Elle vise aussi à établir le lien entre les matières premières argileuses observées et échantillonnées grâce à plusieurs sondages (du BRGM et par nos soins), ainsi que les poteries et grès céramiques prélevés, dans quelques ateliers de potiers riverains des carrières, d’autres ateliers plus éloignés et des sites d’habitat. Grâce à l'apport d'analyses physico-chimiques, les premières étapes de la chaine opératoire de différentes catégories de poteries sont entrevues : préparation, mélange de matériaux, variabilité des compositions selon les catégories de produits et leur évolution au cours du temps.