en guise de conclusion catalogues de mobilier et approche matérielle des cultures médiévales et modernes : quelques éléments pour un débat Luc Bourgeois 1 E n arrivant au terme de ces actes, il est tentant de les comparer au volume issu d'une précédente rencontre de la Société d'archéologie médiévale, moderne et contem-poraine : le congrès tenu en 2006 à Vincennes, qui brossait un riche panorama de l'archéologie médiévale française mais ignorait toute autre catégorie de mobilier que la vais-selle céramique 2 , matière si abondante que l'archéologue lui a progressivement consenti une place sans commune mesure avec son importance réelle dans les sociétés médié-vales et modernes. La situation at -elle tant changé depuis une décennie qu'il soit désormais possible de consacrer trois jours à l'objet médiéval et moderne, dans (presque) toute sa diversité et en présence d'un public nombreux ? Avons-nous depuis lors mis en place les réseaux de chercheurs, les problématiques et les méthodes permettant de proposer un panorama du mobilier archéologique médiéval et moderne qui dépasse l'approche technique, la juxtaposition de catalogues ou l'usage anecdotique des objets ? En la matière, le paysage se transforme effectivement par petites touches. La conscience que certaines catégories mobilières ont été largement délais-sées jusqu'ici se diffuse dans diverses institutions. En abor-dant la production, la diffusion ou le recyclage des objets, les archéosciences articulent désormais plus finement que par le passé leurs problématiques avec de solides questionnements historiques. Et une nouvelle génération de « spécialistes de l'objet », également bien représentée dans ce congrès, s'est affranchie des approches typo-chronologiques tradition-nelles-indispensables mais qu'il convient de dépasser progressivement-pour combiner les corpus archéologiques servant de socle à leurs enquêtes à des séries iconogra-phiques mais aussi aux lexiques et aux contextes d'usage des objets fournis par les textes 3. En archéologie, la multiplication des angles d'approche et le renforcement institutionnel d'un domaine particulier entraînent en général la naissance d'un petit réseau com-muniant dans le cadre chaleureux et rassurant de colloques spécialisés, d'une revue et d'un verbiage propres. Et on sent que cette tendance naturelle à la confraternité commence à poindre au sein de la modeste population des « spécialistes du mobilier », qui peine pourtant à trouver une dénomi-nation propre à son champ de recherche. Sans doute n'est-il pas innocent que ce domaine soit toujours nommé en creux ou par référence aux appellations issues d'autres champs chronologiques. Le terme instrumen-tum, emprunté aux antiquisants, désigne en latin classique le mobilier, l'ameublement, le matériel ou l'outillage mais il est loin de recouvrir l'immense diversité des objets. De 1. Professeur d'archéologie médiévale, centre Michel-de-Boüard-CRAHAM (UMR 6273), Normandie Université.