Cette Habilitation à Diriger des Recherches s’appuie sur mon parcours de géographe maritimiste, principalement entre Normandie et espace baltique. Ainsi, elle interroge mon rapport critique au terrain. Cette notion de terrain, fil directeur de mon parcours, sert comme un levier particulièrement efficace pour engager une réflexion épistémologique dans le cadre maritime et portuaire et au-delà pour l’ensemble de la science géographique. Ce questionnement conduit dans un premier temps à revenir sur mes propres pratiques et mes attentes. Celles-ci sont ensuite questionnées par rapport à celle des géographes maritimistes pour lesquels le terrain occupe une place centrale et incontournable dans les méthodes de recherche notamment dans les travaux ayant une dimension territorialisée. Cette branche de la géographie ne porte pas d’approche réflexive poussée sur le terrain et son rôle en géographie et semble ainsi rester quelque peu à l’écart de l’approche engagée récemment par certains géographes dans une perspective critique et épistémologique de la discipline. Celle-ci propose une déconstruction stratifiée de la notion de terrain qui permet de mieux clarifier le débat en plaçant la réflexion au bon niveau interprétatif. Toutefois, la focalisation sur la relation entre le chercheur et son environnement occulte certaines dimensions essentielles du terrain, notamment celles que je qualifierais de pratiques. Revenir sur ces réflexions apparaît donc comme une étape nécessaire dans le raisonnement mené pour en comprendre les apports et construire notre propre positionnement réflexif. Cette réflexion épistémologique débouche sur des apports innovants autour de concepts inédits comme « le terrain collectif », le « terrain numérisé » et le « terrain contre cadre d’interpellation » tout en mettant en évidence leurs apports dans la pratique d’un géographe maritimiste.