Les modèles corrélatifs de distribution d'espèces (SDM) sont des outils puissants pour comprendre la structure spatiale des modèles écologiques et servent de base pour prédire les effets à court terme des changements environnementaux sur les populations biologiques et pour améliorer la gestion des écosystèmes. Cependant, en raison d'interactions complexes et souvent non linéaires entre les facteurs biotiques et abiotiques, ainsi que de distributions de données irrégulières, les SDM sont notoirement difficiles à construire et à valider, ce qui souligne la nécessité de poursuivre les recherches et les avancées méthodologiques dans ce domaine d'étude actif. La régression quantile est une technique statistique prometteuse pour améliorer les SDM, car elle peut traiter l'hétéroscédasticité des données et fournir une description de l'adéquation de l'habitat conforme à la loi du minimum de Liebig. L'objectif de cette étude est de proposer un outil permettant d'évaluer l'adéquation de l'habitat d'un estuaire pour une espèce, en définissant sa niche écologique optimale, qui peut être utilisé pour la gestion de l'estuaire, avec un cas d'étude de Cerastoderma edule dans l'estuaire de la Seine. La méthode consiste à appliquer la régression quantile à un ensemble de données biologiques sur 20 ans couplé à un ensemble de données d'un modèle hydro-morpho-sédimentaire validé sur une période de 25 ans, tous deux à l'échelle de l'estuaire. Pour tenir compte des formes complexes de distribution, cette étude a été réalisée en comparant trois types différents d'équations (linéaire, gaussienne et B-spline). Sur la base d'une analyse multivariée préliminaire des descripteurs physiques, deux modèles ont été construits pour représenter les caractéristiques hydrodynamiques, morphodynamiques et sédimentaires : la vitesse maximale journalière du courant, le temps d'inondation et la plage de salinité journalière ou la teneur en vase comme troisième prédicteur. La régression quantile gaussienne a produit la meilleure description de la niche optimale, au 97,5ème centile et en utilisant la biomasse. La niche écologique optimale pour C. edule semble être les zones marines intertidales inférieures, avec une faible vitesse de courant, une faible fluctuation de la salinité et un lit sédimentaire composé de sable vaseux dans l'estuaire de la Seine. Le calcul de l'indice d'adéquation dans cet écosystème a été exploré sur une période de 25 ans et analysé dans des secteurs isolés afin d'être appliqué dans différents scénarios liés au réchauffement climatique. Le modèle utilisant la vitesse maximale quotidienne du courant, le temps d'inondation et la plage de salinité quotidienne a également été appliqué aux données des bassins de l'Escaut, afin de tester la fiabilité du modèle, démontrant ainsi que le modèle fonctionne assez bien, même s'il y a des différences d'adéquation de l'habitat entre ces estuaires. Cette approche peut permettre des comparaisons directes des SDM avec un modèle gaussien unique et peut offrir de nouvelles perspectives pour étudier les SDM à grande échelle.