Le prestige du monastère de Charroux a souvent entrainé les auteurs anciens à exagérer l'importance de l'agglomération établie à ses portes. Au XVIIe siècle, Pierre Robert du Dorat ne la décrit-il pas comme "une des villes les plus importantes de l'Aquitaine et dont le circuit égalait celui de la ville de Limoges ?" Depuis lors, l'abondante littérature consacrée à l'abbaye a au contraire éclipsé cette petite ville dont les principaux monuments ont disparu au cours des deux derniers siècles. Elle constitue pourtant un exemple exceptionnellement bien documenté de juxtaposition d'un bourg monastique et d'un bourg comtal. Le monastère est habité à la confluence de l'étroite vallée de Merdançon, maigre affluent de la Charente, et d'un vallon sec. La ville s'est développée sur les pentes voisines. Pôle de pèlerinage, petit centre commercial et routier, elle occupe également un carrefour d'influences : entre langue d'oïl et langue d'oc, à la limite du droit coutumier et du droit romain, en bordure de ce comté de la Marche dont le nom même trahit le caractère frontalier.